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16/06/2014

Manuel Valls prophétise : "la gauche peut mourir"

 politique,socialisme

N'est-elle pas déjà morte, enlisée dans le magma néolibéral ? 

 


 

Devant le conseil national du PS, samedi, le Premier ministre – l'oeil plus noir que jamais – s'est écrié : « Nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d'un cycle historique pour notre parti... La gauche qui n'a jamais été aussi faible dans l'histoire de la Ve République peut mourir... Nous pourrions basculer dans une nouvelle ère, dans laquelle un des grands partis républicains, et sans que cela soit une surprise, peut être absent de grand rendez-vous électoral... Nous devons nous réinventer : et nous réinventer dans un contexte particulier: l'exercice du pouvoir, faute de ne l'avoir pas fait dans l'opposition ! »

M. Valls ne semble pas en mesure de « réinventer » le socialisme : on sait qu'il n'aime pas ce mot (il a déjà proposé que le PS change de nom) ; il n'aime pas non plus la chose.

Le socialisme, dans ses racines historiques françaises, consistait à donner à la République – cadre purement procédural – un contenu social : il s'agissait de faire renaître les liens organiques et les responsabilités mutuelles, que l'individualisme libéral dissolvait. Cette urgence était ressentie aussi bien par les anticléricaux (Proudhon) que par le dominicain Lacordaire dans sa 52e conférence de Notre-Dame de Paris en 1848 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » [*].

Introduire dans la société un principe politique régulateur, c'est ce que M. Valls ou M. Juppé ne peuvent pas faire ! Depuis le putsch ultralibéral des années 1990, il est entendu que les majorités et les gouvernements n'ont plus d'autre mission que « d'adapter » la société aux réquisitions des multinationales. M. Valls est donc hors d'état de réinventer son parti, à moins que cette réinvention ne consiste à transformer le PS en conglomérat centriste ; il ne lui resterait plus qu'à fusionner avec l'UMP de M. Juppé, noces du vide avec le néant. C'est l'idée qui nous vient en entendant M. Valls exiger que les députés PS votent le Pacte de responsabilité et de solidarité : « prendre un autre chemin conduirait à l'échec », dit-il. Un échec par rapport à quoi ? C'est le pacte lui-même qui est voué à l'échec, comme en conviennent à la fois le Medef et les syndicats. Mais le succès, pour M. Valls, pourrait ne pas être d'ordre économique : ce qu'il veut, consciemment ou inconsciemment, ou ce qui est voulu à travers lui, c'est ce que Jean-Claude Michéa diagnostique dans Les mystères de la gauche (Climats 2013) : « la modernisation capitaliste qui tend à décomposer toutes les bases matérielles et morales de la vie en commun. » Un socialisme digne de ce nom tendrait au contraire à réinventer ces bases.

 

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[*] Des sophistes tentent d'annuler cette phrase en disant que Lacordaire était un « libéral ». Mais « libéralisme » au sens religieux, dans l'Eglise du XIXe siècle, ne voulait pas dire « libéralisme » au sens d'Adam Smith. Et les idées sociales de Lacordaire révulsaient la bourgeoisie libérale.

 

 

Commentaires

VALLS

> Mais quel est son but à ce monsieur : construire un grand parti et gager les élections ou servir les intérêts des citoyens français ?
Je n'ai rien entendu dans son discours (actuel ou passé), ni dans ceux des autres, qui suppose (au moins en parole), qu'ils ont pour objectif de rechercher le bien commun, le bien des français, le bien de la France. Tout ce que je vois, et j'entends de leur part c'est "je veux le pouvoir" (pour moi). Le titre du parti "Union pour la Majorité Présidentielle" en est le plus bel exemple !
Pas étonnant que les français n'aillent plus voter !
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Écrit par : Bergil / | 16/06/2014

LE REEL

> Il me semble surtout que c'est l'idéologie socialiste qui a montré son incapacité à s'adapter au réel. Tout comme les systèmes communistes ont sombré systématiquement dans le totalitarisme et ont échoué, le socialisme à la française ne semble pas pouvoir prendre un autre chemin. la raison, je pense, vient de ce que son idéologie de départ est viciée : prétendre installer une justice sociale humaine sans Dieu est vouée à l'échec. Voilà le grand enseignement du marxisme/communisme/socialisme. Ignorer cette blessure au coeur de l'homme qui lui fait exploiter son prochain, et ignorer au passage le seul remède possible - la vie évangélique et l'union au Christ - voilà l'énorme erreur de cette idéologie. L'homme sans Dieu ne peut pas sortir du mal.

Bref, pas de lendemains qui chantent en perspective pour le socialisme. De fait, le réel est quelque chose de têtu.
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Écrit par : Xavier / | 16/06/2014

L'HOMME DU MANCHE

> Depuis que nous connaissons le passé catholique de la famille Valls en Catalogne (l’aïeul de Manuel Valls, Magi Valls, étant à la tête d’une revue catholique, El Mati, fermée autoritairement pendant la guerre civile), et la suite, à savoir, la dissolution progressive de ce catholicisme familial dans le laïcisme franc-maçon et socialiste ( http://www.famillechretienne.fr/societe/politique/manuel-valls-et-les-catholiques-une-relation-brisee-nbsp-135334 ), je pense que nous devons nous faire à l’idée que l’actuel Premier ministre a opté définitivement pour l’autorité, le « coté du manche ».
Définitivement, nous avons pas affaire ici à « l’homme de la Manche », mais à « l’homme du manche »… quoique celui-ci se rêve en Don Quichotte défaisant Marine Le Pen et son Rassemblement Bleu Mouline, en 2017 !
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Écrit par : Denis / | 16/06/2014

VENT

> Il semble que Manuel Valls soit parfaitement opportuniste. Il sent le vent.

http://www.dailymotion.com/video/x1r2adq_le-vrai-visage-de-manuel-valls-par-emmanuel-ratier_news
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/06/2014

ANARCHIE CAPITALISTE

> « Nous sentons bien que nous sommes arrivés au bout de quelque chose, au bout peut-être même d'un cycle historique pour notre parti... La gauche qui n'a jamais été aussi faible dans l'histoire de la Ve République peut mourir... Nous pourrions basculer dans une nouvelle ère":
je suis assez d'accord...
mais le souci c'est que la droite est morte aussi, et les extrêmes des deux bords ne vivront pas longtemps non plus.
En ce moment, l'impression qu'on peut avoir, c'est que la direction politique est morte, et tout idéal autre que consumériste avec. Qu'on flotte au fil des vagues, au fil des USA qui eux-mêmes sont dépassés par le pouvoir de l'argent, qui les mange autant que nous. Une sorte d'anarchie capitaliste: hors de la consommation, point de salut, et dans la consommation, encore moins de salut. Un côté no life, no future, nihiliste.
Et bizarrement, je crois que la forêt pousse en dépit de ce vacarme d'arbres qui tombent. Et que cette foi n'est pas complètement dénuée de raison. Mais je ne saurais pas l'expliquer.
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Écrit par : Ninelene / | 16/06/2014

LA VOIE DE VALLS

> Manuel Valls veut être calife à la place du calife. Pour cela, il lui faut prendre la tête d'un grand parti, c'est-à-dire d'une machine à gagner les élections. Ayant misé sur le Parti Socialiste, il ne peut pas partir chez le concurrent, comme on le fait quand on travaille dans le privé.
D'ailleurs, il a encore espoir dans le "pacte républicain" aux prochaines présidentielles.
A côté de cela, la "bonne" technique (qui suppose qu'on ait fait taire sa conscience et que l'on soit super à l'aise pour mentir effrontément) est de dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre, quitte à faire la girouette quand on change d'auditoire.
Là, pour réussir, mieux vaut ne pas trop se fier aux spécialistes de la communication mais plutôt à son flair propre, même si on peut parfois se tromper. Il semblerait que Manuel Valls ait choisi cette voie.
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Écrit par : Barbara / | 16/06/2014

DÉJÀ

> « Nous sentons ... », nous dit M. Valls. Oui, ils sentent ! Ils sentent déjà. Le processus de décomposition est en cours depuis longtemps mais ils ne s'en étaient pas aperçu, le sens de l'olfaction lui-même était touché. Le poisson pourrit par la tête, c'est bien connu.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 16/06/2014

P.S.

> Les adhésions au PS et à l'UMP tombent en vrille.
Les délices de Camba après les désirs d'Harlem.
(entendu à la radio, ce n'est pas de moi!)
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/06/2014

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